Boruca, leçon de vie et valeurs de partage

Le village principal de la communauté boruca bien que difficile d’accès est desservi par les transports en communs 2 fois par jour. Nous avons donc rendu visite à cette communauté indigène et sommes restés dormir dans une famille sur place.

Avant de partager avec vous  cette expérience qui pour nous fut la plus belle depuis le début du voyage et pour vous aider à la comprendre, je  souhaite la lier à une étude anthropologique récente réalisée par Daisy Stevens Rojas sur les femmes borucas. Oui ce blog lie toujours  voyage  et recherche.

L’étude de Daisy Stevens Rojas explicite notamment la notion d’indigène qui pour  nous n’a pas la même signification que pour les Borucas. Dons ma culture occidentale, les liens du sang vont définir si la personne est indigène ou non. C’est différent pour les personnes qui vivent dans ces villages. Pour elles le terme « indigène » est intimement lié à la communauté et à la manière de vivre.

Cette notion de communauté est extrêmement forte ici. Ici communauté veut dire partage, les femmes vont s’entraider pour préparer des repas, pour s’occuper des enfants, pour les nettoyages et certaines activités créatrices parmi  lesquelles la peinture des masques qui nous a attirée ici. Partage de nourriture, des tâches et des richesses. Pour citer les paroles de l’un des membres rencontré : « Si j’ai du cochon et mon voisin des haricots, alors je lui donnerai du cochon et lui me donnera des haricots comme ça nous mangerons la même chose tous les deux ».

Les taches effectuées par les hommes et les femmes sont bien définies et très compartimentées. Malgré un certain machisme, il y a une égalité dans le respect que chaque genre à pour l’autre et pour l’importance des travaux effectués.

Tour à tour les membres de la communauté ont partagé avec nous  leur culture et tous l’ont fait avec un plaisir évident. Nous avons mangé et dormi dans une famille sur place qui nous a accueillie comme des hôtes de marque. Il y régnait une sérénité que nous n’avions pas rencontrée depuis longtemps.

Le soir un Boruca est venu nous conter les légendes de son peuple. Il enseigne aux enfants dans l’école du village la langue boruca et l’histoire de son peuple. Il nous a raconté les histoires des esprits de l’eau et les croyances encore vives en un protecteur de la nature appelé Cuasrán.

De maison en maison nous avons pu observer la manière de faire des différents artisans ici. Comme les masques taillés par les hommes et peints par les femmes. Ces masques qui ont permis aux Borucas de résister aux conquistadors espagnols. En effet à la vue des guerriers borucas le visage masqué par des versions de masques bien moins attrayantes  que ceux fabriqués aujourd’hui, les Espagnols croyaient être attaqués par des diables.

Ou encore le filage du coton, sa coloration et son tissage.

Notre trop court séjour ici fut particulièrement intéressant. Les Borucas nous ont ouvert avec bienveillance les portes de leur culture et de leur façon de vivre. Ce fut une immersion extrêmement riche dans une communauté basée sur l’entraide et le partage et pour ça nous leur en seront toujours reconnaissant. Malheureusement nous devons continuer notre chemin et regagner les routes touristiques. Mais le Costa Rica à bien d’autres choses à  offrir et c’est avec des rêves plein la  tête que nous allons à leur découverte.

 

Référence: BETWEEN TRADITION AND MODERNITY: CHANGING GENDER ROLES AMONG THE BRIBRI AND BORUCA WOMEN OF COSTA RICA. Daisy Stevens Rojas. Cuadernos de Antropología No.19, 113-122, 2009

7 réflexions sur “Boruca, leçon de vie et valeurs de partage

  1. Merci beaucoup pour ce témoignage!
    Nous partageons totalement votre vision du tourisme et du partage!
    Savez-vous si Les Borucas pourraient nous apprendre à faire ce qu’ils font? Cuisiner, filer le coton, tailler et peindre les masques etc.
    Merci pour cet article qui donne des étoiles dans les yeux et envie de voyager différemment.
    http://the-travelearner.com

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    1. Bonjour,

      C’est un plaisir de partager ces découvertes! Et les Borucas enseignent avec joie tout ce qui est cuisine, filer le coton, la coloration, le tissage et plein d’autres choses. Pour ce qui est des masques par contre ils n’enseignent plus (en tout cas plus spontanément) car des personnes peu respectueuses sont venues apprendre puis ont commercialisé leurs propres masques sous l’appellation « masque Boruca ». Ces masques étant le principal moyen de subsistance des Borucas cela leur à causé du tort.
      Pour aller apprendre il ne faut bien sur pas passer par un tour opérateur. A ma connaissance ils n’organisent que des excursions d’une journée très chères dans lesquelles on ne voit que très peu de choses. Il faut contacter directement la communauté:
      https://www.facebook.com/pg/La-Flor-de-Boruca-253798818024016/about/
      Ils proposent pour commencer un « pack » découverte dans laquelle vous vivez dans une famille d’accueil. (Nous avons payé 60$ par personne)
      Concrètement nous sommes allé à Boruca par nos propres moyens (2 bus par jour depuis Buenos Aires).
      Le « pack » inclus ce qui suit:
      Arrivé au musée de la communauté nous avons été pris en charge par les différent membres de la communauté qui nous ont amené dans la famille d’accueil.
      Après le repas de midi nous avons pu voir comment ils fabriquent et peignent les masques (cela prend l’après midi car vous pouvez participer)
      Le soir pendant/après le dîner un membre vient conter les légendes de son peuple
      Le lendemain après le petit déjeuner quelqu’un vous emmènera voir comment ce fait le filage, tissage etc…
      Puis balade jusqu’à un lieu sacré pour les Boruca
      Repas de midi

      Fin du pack.
      Demandez à aider à la préparation des repas, cela fait super plaisir à la famille et vous pourrez vraiment apprendre comment ils préparent les repas.
      Apprendre les techniques de filage, tissage etc.. demande du temps. Lors des démonstrations demandez directement à la personne si elle accepterait d’enseigner. Combien de temps cela prendrai, le coût etc…

      Une compréhension de l’espagnol est très chaudement recommandée. Ils ont une personne parlant anglais mais les échanges ne sont pas les mêmes sans la maîtrise basique de la langue de Cervantes.
      N’hésitez pas si vous avez d’autres questions.

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