Avant ce voyage, le Japon était le plus intriguant des pays pour moi. Aujourd’hui, après déjà 3 semaines passées à explorer ce pays, il reste empli de mystères.
Je n’ai malheureusement aucun espoir de comprendre pleinement ce pays un jour mais j’aime chaque une des questions qu’il soulève et les chemins que je dois prendre pour tenter de comprendre pourquoi les choses marchent ainsi. C’est un gigantesque puzzle dont chacune des pièces trouvées génère de nouvelles interrogations.
D’un extrème à l’autre
Nous avons commencé notre visite de Japon par Tokyo, la ville qui ne dort jamais. Elle est pareil à un organisme vivant, le transport y est fluide jour et nuit. Pas d’embouteillage, pas de bruit, pas de resquilleurs dans le métro. Son mécanisme semble parfait. En marchant dans les couloirs des stations j’avais le sentiment d’être dans un film d’anticipation, de rendre visite aux travailleurs de Metropolis où aux habitants de Bienvenue à Gattaca. Mais le Japon est terre de paradoxes et ces mêmes travailleurs qui parfois ressemblent à des automates peuvent boire et faire la fête comme des fous à la fin de leur longue journée de labeur.
Nous avons été surpris par le contraste entre les rues silencieuses de la capitale et les salles de Pachinko où le bruit et la fumée de cigarette nous étaient presque insupportables. Deux mondes opposés séparés par une porte de verre.
Comme tous les touristes, nous avons vu les énormes publicités et les lumières fluorescentes sur les grattes ciel dans ces quartiers High Tech proposant les dernières technologies à la mode, des casques de réalité virtuelle aux cuiseurs de riz qui pourraient figurer dans Star Trek. Mais juste à côté de ces quartiers, vous trouverez le plus ravissant des parcs ou encore un paisible quartier résidentiel aux mignonnes petites maisons et dont les magasins proposent un artisanat des plus traditionnel. L’amour des Japonais pour les nouvelles technologies s’arrête aux portes des temples et des administrations ou règne une paperasserie d’un autre âge.
Notre voyage au Japon nous a menés à Kanazawa, Kyoto, Wakayama et Osaka. Maisons, boutiques, jardins et temples sont toujours bien entretenus, propres, avec une réelle recherche d’harmonie voir de perfection.
Tout semble planifié, pensé dans les moindres détails. Les arbres et buissons sont savamment taillés. En hivers ils sont attachés avec des cordes pour éviter d’être endommagé par la neige.
Les plaques d’égouts sont de véritable œuvre d’art et sont représentatives de chaque ville et village.
Ici nous avons le sentiment que les arts traditionnels sont profondément respectés et encouragés.
La place des femmes dans la société japonaise
Le Japon est donc plein de paradoxes dont certains sont très visibles, notamment la place des femmes dans sa société. Le pays est l’un des premiers à légaliser l’avortement (en 1948), il propose les meilleurs soins maternels au monde, mais il est l’un des plus inégaux en termes de participation des femmes à la politique ou à l’économie. A ce sujet, le Japon se classe 114ème parmi 144 pays analysés par le classement du Forum économique mondial.
Comme le laisse entrevoir ce classement la proportion de femmes actives dans la recherche en sciences est relativement faible. Mais même dans cette société patriarcale, certaines scientifiques repoussent les limites de la connaissance et œuvrent pour le bien commun. Je n’en mentionnerai qu’une seule parmi les nombreuses personnalités connues: le professeur Masayo Takahashi.
Elle travaille dans le domaine des cellules souches pluripotentes induites. C’est un domaine particulièrement important pour moi car il est lié à la recherche que j’ai faite pendant mon doctorat. Ces cellules ont été générées pour la première fois à Kyoto en 2006. Elles peuvent être induites à partir de n’importe quel type de tissus adultes (come des cellules de peau, des neurones, des cellules du foie, etc.). Elles ont deux caractéristiques très intéressantes: la capacité de se propager indéfiniment et de donner naissance à n’importe quel type de cellule dans le corps. Par conséquent, elles sont particulièrement prometeuses dans le domaine de la médecine régénérative.

L’équipe du professeur Masayo Takahashi a généré des cellules souches pluripotentes induites à partir des cellules de la peau d’un patient et a différencié ces cellules en tissu rétinien. Ce tissu a ensuite été implanté avec succès dans les yeux du patient. Ce fut la première transplantation humaine réalisée avec succès à partir de cellules souches pluripotentes induites.
Le Japon tente de rester un leader dans ce domaine qu’il a créé. Mais pour garder son rang, espérons que plus de soutien sera apporté aux femmes japonaises désireuses d’embrasser la carrière de chercheuse et surtout que la route vers les places hiérarchiquement élevées ne leur soit pas barrée.
Joli article! On ressent bien les choses que tu décris!
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